" POURQUOI MON CHEVAL NE VEUT-IL PLUS ALLER EN PROMENADE?"

"On n'exige jamais plus qu'il n'est capable de donner."

Nuno Oliveira

"POURQUOI MON CHEVAL NE VEUT-IL PLUS ALLER EN PROMENADE?"

Pendant un temps, dans le cadre des communications animales, je recevais presque une fois par semaine une question de ce genre. Les cavaliers s'interrogeaient du fait que leur cheval ne souhaitait plus aller, la plupart du temps seuls, en promenade. Ils étaient démunis face aux réactions de leurs chevaux, qui manifestaient clairement un désaccord. La plupart cherchent à comprendre. Pourtant tous ces cavaliers sont bien intentionnés, ils cherchent à offrir à leur compagnon un moment de détente et de plaisir. Comment se fait-il que le cheval refuse un tel plaisir, un tel moment agréable de communion dans la nature?

J'ai donc eu l'occasion de poser cette question à de très nombreux chevaux, et si parfois les réponses étaient individuelles et particulières, la plupart du temps, elles se ressemblaient dans l'ensemble.
Je vous propose donc de vous expliquer quel est le point de vue des chevaux sur cette question.

"Surveiller l'environnement"

Les chevaux interrogés dans le cadre des communications animales ont tous évoqués le besoin d'avoir une présence fiable sur laquelle compter. En effet, le cheval est un animal grégaire et sociable. Cela signifie donc qu'il vit EN GROUPE. Le groupe, pour le cheval, est synonyme de sécurité. Les chevaux ont évoqué le fait que dans le groupe, les tâches sont partagées, notamment la lourde responsabilité de surveiller l'environnement.

"Surveiller l'environnement" est l'expression qui traduit les sensations que tous ces chevaux m'ont envoyées. 
Le cheval, animal de proie, est en constante alerte et en constante lecture de son environnement. Il a besoin de savoir ce qui se passe à chaque instant, et pour cela tous ses sens sont en éveil. Il est capable d'une très grande finesse des perceptions, et a une bien meilleure vision d'ensemble de son environnement que nous. Il entend tous les bruits, voit tous les détails, perçoit toutes les présences et intentions autour de lui. 

Lors des balades en pleine nature, ses sens sont décuplés, très en éveil puisqu'il sort de sa "zone de confort", qui est ici un lieu connu et à priori sans dangers imminents. En balade, il doit à nouveau scruter, scanner l'environnement à la recherche de la moindre anomalie. Et bien entendu, cela conduit à qualifier le cheval de "sur l’œil", "peu attentif", "peureux" etc. 

Un besoin de présence

 

Tous les chevaux à qui j'ai eu l'occasion de poser cette question ont exprimé la sensation d'être incapable de "gérer l'environnement seul". Ils ont tous exprimé le besoin d'être en compagnie d'un de leurs semblables, afin de se partager les tâches, et d'être donc moins en alerte et moins "sur les nerfs", au sens littéral du terme.

Partir seul en promenade semble être une grande source de tensions pour les chevaux interrogés, la tâche leur demandant une concentration accrue et une grande présence attentive à chaque instant. Pour certains chevaux, il leur est donc impossible, émotionnellement et nerveusement parlant, de partir en promenade seuls. Et effectivement, on comprend pourquoi, lorsqu'on sait que dans la nature, ce rôle est partagé entre diverses sentinelles dans le troupeau, qui se relaient pour que chacun puisse être à son aise.

 

Ici, en voilà deux qui sont bien contents d'être ensemble! 

Et le cavalier alors?

La plupart des chevaux interrogés ont exprimé le fait que leur cavalier n'était pas assez PRÉSENT.
Cela signifie d'une part que le cavalier n'est pas assez dans le moment présent, dans l'instant et donc qu'il n'est pas en mesure de capter tout ce qui se passe autour de lui, dans l'environnement afin d'aider et soulager le cheval dans cette "gestion de l'environnement". D'autre part, cela montre que le cavalier n'est pas assez conscient de lui, de son corps, et donc pas assez fiable                                                                  

pour que le cheval accepte de se reposer sur lui.                                                Copyright Photo : Morgane Vallé 

 

Pourtant, le cheval nous accorde une grande confiance en nous acceptant sur son dos. J'ai une immense admiration pour eux... Faisons l'effort de regarder la situation de leur point de vue ; cela signifie qu'ils acceptent de remettre leur "survie", d'un point de vue de proie, entre nos mains, nous qui sommes pourtant si peu conscients de ce qui nous entoure, et donc si peu prompts à réagir, et à interagir!
Il est donc de notre devoir de devenir les plus conscients possible de tout ceci, afin de devenir de réels partenaires pour nos chevaux, et de leur permettre de partager réellement les tâches avec nous pour que chacun puisse retrouver le plaisir d'une promenade dans un réel échange, une harmonie, le calme, la détente, un partage et une compréhension.

NB : Il existe également des chevaux pour qui partir seuls ne pose aucun souci, parce qu'ils sont émotionnellement capable de supporter toute cette gestion de l'environnement à eux seuls.
De même qu'il existe des cavaliers pleinement conscients de leur environnement et des échanges qu'il est possible d'avoir avec. Ils sont donc une source de confiance et rassurent leur cheval qui peut ainsi se reposer sur eux. C'est en effet vers cela que nous devrions tous tendre, pour une plus grande harmonie avec nos compagnons.

Écrire commentaire

Commentaires: 8
  • #1

    Aurelie (lundi, 06 février 2017 20:34)

    Très bel article qui correspond tout à fait à ce que nous avons ressorti des communications faites avec ma jument. Je rencontre de gros soucis avec elle en extérieur depuis que nous avons eu un accident lors d'une ballade et elle trouve que je ne suis pas assez présente. C'est très dur à gérer et malgré un gros travail sur moi même j'ai renoncé aux ballades.

  • #2

    Florence (lundi, 06 février 2017 20:41)

    Pour ma part, j'ai également eu un accident seule avec ma jument, nous repartons désormais en promenade accompagnées ou seules si je la sens apte sur des petits parcours à gérer son stress.
    Je partage complètement l'article car j'ai une très gentille jument qui ne cherche pas à contrarier sa Cavaliere quand elle a peur mais qui est très émotive. A moi de m'adapter et de faire de mon mieux pour la rassurer.

  • #3

    Marie (lundi, 06 février 2017 21:21)

    J'aime beaucoup votre texte qui ne fait que me conforter dans le travail que nous avons entrepris depuis plus d'un an avec ma Belle : j'apprends à être dans le temps présent, à être à l'écoute de mes émotions et des siennes et surtout je ne sors plus en extérieur quand je ne me sens pas en mesure d'être complètement avec elle...on a fait des progrès fulgurants depuis cette prîse de conscience : on est devenue chacune plus confiante en nos propres capacités à gérer notre peur et dans les capacités de l'autre à nous rassurer. ..en fait on a fait et on fait encore beaucoup de ballades à pied.... je partage votre écrit. Merci!

  • #4

    Angélique (mardi, 07 février 2017 06:50)

    Merci Loé Lia pour ce trèsbel article.
    Tellement juste, tellement vrai, tellement logique et pourtant ....
    Il a y a aussi tellement de similitude avec les chiens. Aaaaah cette pleine conscience, cette présence vraie.
    Si seulement j avais connu tout ca avant. Mon Bugs aurait eu une vie bien differente

  • #5

    Rouland Suzy (mardi, 07 février 2017 13:55)

    Bel article et d'une réalité qu'il fait bon de rappeler souvent... Je voulais en profiter pour revenir sur une question qui me tient à cœur que pensez-vous que le cheval puisse ressentir quand son cavalier souvent bien stressé par son quotidien part seul en s'accrochant aux rennes, les jambes fermées et les yeux fixés sur l'encolure, prêt à parer au moindre écart?
    Bien sûr, le fait d’être présent et rassurant pour le cheval est essentiel, mais il faut aussi s'ouvrir à l'environnement pour prévenir aux problèmes éventuels. Le cheval ayant besoin de son balancier et de la mobilité de sa tête, c'est malheureusement bien souvent toute l'attitude du cavalier qui est à revoir...

  • #6

    Gaia Nova (jeudi, 09 février 2017 01:57)

    Comme cet article est touchant.
    Les commentaires aussi, et je vous en remercie.
    J'observe l'évolution de la Conscience cavalière qui, depuis quelques années (peut-être un héritage des chuchoteurs), se manifeste sous différentes formeq. De plus en plus de personnes sont en présence consciente auprès de leur cheval, s'interrogent, recherchent une relation vraie...leur point commun : la prise de recul par rapport aux dogmes, aux idées reçues, de l'humilité ?... ils découvrent la merveille divine que sont les chevaux, et le don qu'ils nous font de leur vie. Et pendant ce temps ... il y en a toujours qui tirent, poussent, tapent, et suréquipent leur pauvre animal de toujours plus de matériel, de coercition...d'enfermement, d'incompréhension... quel drôle de monde... Ils ne sont pas conscients de la chance qu'il ont, et de la gentillesse de leur compagnon.
    Ha! si le Capitaine Beudan voyait toutes ces jeunes filles coucher et asseoir leurs chevaux...

  • #7

    Mathilda Rossignol (mercredi, 15 février 2017 19:53)

    Excellent !
    C'est exactement ce que ces loulous me disent depuis des années
    Merci de l avoir formulé en article

  • #8

    Loélia (mercredi, 08 mars 2017 10:17)

    Merci à tous pour vos commentaires qui confirment ce que j'ai reçu de la part des chevaux! Nous avons encore tant de choses à apprendre auprès de nos amis les chevaux.
    Je ne peux pas répondre à vos commentaires individuellement malheureusement, mais je tiens à répondre à celui de Suzy : Oui, tout à fait, les chevaux ressentent cette attitude venant de leurs cavaliers, et cela les met souvent dans un stress.. Et s'ouvrir à l'environnement fait partie du fait d'être présent et rassurant, c'est même une des conditions essentielles :-)